L’introduction de l’intelligence artificielle dans la sphère journalistique promettait une révolution. Optimisation du temps, triage efficace des informations, réponses instantanées aux tendances émergentes.
La mésaventure de Microsoft met en lumière les limites et les écueils de cet outil lorsqu’il n’est pas correctement supervisé par l’humain.
C’est certain, la rédaction de contenu pour le web ne devrait pas être remise dans les mains exclusives de l’intelligence artificielle.
Microsoft dérape en laissant l'Intelligence Artificielle prendre en main sa rédaction de contenu
L’exemple de Microsoft, dans sa volonté d’adopter l’IA pour la curation de contenu, a vu des articles erronés. Des titres sensationnalistes se sont aussi frayés un chemin sur son portail MSN. Pourtant, ce portail est réputé être un site d’informations de confiance avec une rédaction de contenu vérifiée… enfin, ça, c’était avant !
Les putaclics créés par l'IA, "le président Joe Biden s'endort"...
Des titres aussi fallacieux que « Le président Joe Biden s’endort lors d’un moment de silence pour les victimes de l’incendie dévastateur de Maui » ont mis en lumière les défaillances de l’IA. L’intelligence Artificielle à été incapables, dans sa rédaction de contenu, de faire la distinction entre la satire, la désinformation et les faits vérifiés.
L'IA manquerait-elle de jugement en rédigeant ses articles web ?
Autre incident, avec la publication d’un article nécrologique sur un joueur de la NBA décédé tragiquement. Le titre, aussi inapproprié qu’insensible, de l’IA le tournera en dérision en le qualifiant d’inutile. Et on ne parlera pas des autres approximations sur sa carrière.
De la rédaction d'un article gênant...
Ces erreurs ne sont pas seulement embarrassantes, mais elles sont aussi un rappel ferme que l’IA ne peut remplacer le jugement critique d’un rédacteur humain. Il doit systématiquement évaluer non seulement la véracité de l’information, mais aussi son impact et sa sensibilité.
Un lecteur parmi tant d’autres conclura : «le plus dystopique dans tout ça, c’est que l’IA qui nous remplacera sera aussi stupide que cette traduction, mais pour l’argent, c’est suffisant ! »
... à la rédaction de contenu farfelu
Que dirions-nous d’un autre contenu très embarrassant d’un guide de voyage écrit par l’IA pour Ottawa au Canada. Cet article recommandait, de façon saugrenue, aux touristes la visite d’une banque alimentaire locale… Et des exemples de ce type sont courants. Pire, d’autres articles révèlent que beaucoup seraient même des versions plagiées.
Des erreurs de l'IA dans la rédaction de contenu qui interpellent
Ryn Pfeuffer, ancienne rédactrice pour Microsoft, a constaté avec consternation que la plateforme qu’elle et ses collègues avaient soigneusement organisé était désormais méconnaissable, jonchée d’histoires objectivement fausses ou outrageusement partisanes. Ces manquements reflètent non pas une simple erreur de parcours, mais un défaut systémique dans l’application de l’IA à la curation de contenu.
Ferris Kawar, cité par la CNN a même clairement déclaré que la page d’accueil de Microsoft était comme « lire la Une du National Enquirer », pour définir ce journal c’est un hebdomadaire People de type presse à scandale… pour dire à quel point la qualité de la Une de MSN a pris un coup de massue depuis qu’elle est rédigée par l’Intelligence Artificielle.
l’insatisfaction face à une technologie qui semble avoir oublié son rôle de support pour usurper la place centrale de l’humain. Pfeuffer, en particulier, insiste sur la responsabilité éditoriale : « Nous avons toujours essayé de couvrir tout très équitablement et de ne pas prendre position politiquement ». Ces paroles témoignent de l’importance de l’éthique et de l’intégrité dans le journalisme, point que l’IA à semble-t-il oublié…
Une formation rédaction web doit inclure une compréhension critique de l'IA
L’enseignement de la rédaction web à nos élèves doit impérativement mener à une compréhension pratique et critique des outils d’IA. Nous devons leur apprendre à utiliser ces outils avec discernement, car la fiabilité des informations et le respect des standards journalistiques restent de leur responsabilité. Il est crucial de leur inculquer que, malgré l’efficacité apparente de l’IA, elle n’est pas infaillible et peut parfois (et de notre point de vue même souvent) produire des contenus erronés ou trompeurs.
L’affaire Microsoft est un rappel que derrière chaque outil technologique se doit de se tenir un professionnel vigilant, capable de déceler les erreurs que la machine ne peut voir. Nos élèves doivent être formés non seulement à la rédaction de contenu intelligent, mais aussi à l’analyser et à l’évaluer, de manière à devenir des garde-fous dans un paysage médiatique de plus en plus automatisé.
Il est donc de notre devoir de préparer la prochaine génération de rédacteurs web à un monde où l’IA jouera un rôle prépondérant, tout en veillant à ce qu’ils restent les gardiens ultimes de la qualité et de l’intégrité du contenu qu’ils produisent.
En tout cas, en attendant le monde n’est pas prêt à se passer des professionnels de la rédaction de contenu.
Article rédigé par Valérianne KALLSAND